Le 3000 !
Ça y est les révisions sont terminées ! Il ne reste désormais plus qu’une chose à faire, et pas n’importe laquelle, le 3000 !
C’est aujourd’hui que les élèves vont vivre leur premier 3000 ! Première épreuve, se réveiller à temps pour un petit déjeuner à 5h45 ! Pas de temps à perdre, comme à chaque instant de cette semaine, il faut être efficace, le départ est pour 6h45. La fatigue se voit très clairement, les élèves sont peu loquaces, le sens de l’humour est en berne, manifestement pour nos alpinistes il est encore trop tôt…
Direction le magasin de location pour s’équiper avec une paire de chaussures et un piolet. Les conditions météorologiques ne nécessitent pas de prendre les crampons, l’isotherme 0 est à 4800 mètres, sur le glacier il fera 7 degrés… Les élèves n’ont donc pas besoin de trop se couvrir alors qu’à quelques jours prêts tous les vêtements d’hiver auraient été nécessaires.
La route se poursuit ensuite vers la vallée de Courmayeur via le tunnel du Mont-Blanc ! Ouvrage impressionnant, en 14 kilomètres nous passons sous la montagne et arrivons en Italie, au pied du Skyway Monte-Bianco ! Nous retrouvons alors nos guides de la journée, il est temps de s’équiper et de s’harnacher, baudrier bien sur les hanches. Le télécabine va nous amener directement, en deux temps, à 3400 mètres d’altitude ! Parce que oui, monter par nous-mêmes à cette altitude aurait nécessité un temps et une patience que nous n’avons pas, entre la marche relativement lente de certains d’élèves et les protestations véhémentes d’autres élèves qui augmentent exponentiellement avec l’altitude…
Nous voici donc sur la plateforme de la pointe de Helbroner, en haut des montagnes, avec vue sur la chaîne des Alpes, françaises d’un côté, italiennes de l’autre. La descente par les escaliers n’est malheureusement plus possible, le glacier est trop descendu depuis cette nouvelle installation d’il y a quelques années. Nous devons donc prendre en ascenseur jusqu’au refugio Torino pour pouvoir aller sur le glacier du massif de la dent des géants.
Si quelques élèves ne se sentent pas capables de vivre cette expérience exceptionnelle et resteront avec Mme Donars sur la plateforme panoramique, la majeure partie de nos aventurières et aventuriers n’attend que cela, entre appréhension et excitation ! L’utilité des baudriers leur est alors expliquée, ils vont vivre les prochaines heures encordés les uns aux autres, par cordée savamment préparées à l’avance par les enseignants. Chaque cordée a un nom de code et se dirige vers son guide dans un bazar un peu désorganisé comme de nombreux autres groupes sont présents en même temps que nous. Une fois tout le monde relié à un guide et à un enseignant, c’est enfin le grand moment, la descente sur le glacier et la marche ensemble !
Le souffle est court en raison de l’altitude. Les yeux sont plissés par la luminosité dûe à la réverbération du soleil sur la neige, lunettes de soleil obligatoires évidemment ! Les cordées s’élancent les unes après les autres en alternance avec des cordées d’autres groupes, comme le dira l’un des guides : « quel plaisir de venir à la montagne pour vivre les embouteillages des grandes villes ».
Notre itinéraire est modifié pour s’écarter des nombreuses autres cordées, et même ainsi nous croisons des skieurs et des alpinistes en binômes, en recherche eux aussi d’une solitude désespérément inaccessible aujourd’hui à cet endroit et pourtant tellement salutaire dans ce lieu en péril dans un monde à l’équilibre si fragile…
Après une marche d’une intensité toute relative et d’un dénivelé de cinquante mètres seulement, nous voici arrivés en bord de falaise de glace, à une distance bien sûr raisonnable d’une possible cassure de glacier. Place au pique-nique tandis qu’une cordée d’élèves plus motivés ira sur un promontoire pour surplomber notre assemblée disparate d’élèves vêtus de tenues certes allégées mais très colorées dont les tons ressortent sur la neige !
Après le pique-nique, forts de leur illusion de supériorité dans cette randonnée, le groupe du promontoire décide de lancer une bataille de boules de neige contre le reste du groupe ! C’est alors un capharnaüm qui tente de s’organiser, entre esquive, constitution de réserve et démêlage de cordes, pas évident de gérer toutes les contraintes d’un déplacement coordonné à plusieurs personnes reliées par une corde. Une bataille qui se voulait rangée se transforme en guêpier, les amis de cordées d’il y a trente secondes devenant les ennemis de la minute d’après, et même les professeurs, neutres et hors conflit à l’origine, ne sont pas épargnés…
Une fois l’ordre rétabli, nos alpinistes s’élancent pour un trajet retour parsemé de chutes, desquelles certains élèves n’arrivent pas à se relever, se faisant alors trainer par celles et ceux qui sont devant. Plus que des protestations, ce sont des rires qui rythment une avancée ponctuée de déséquilibres plus ou moins pas rattrapés…
À l’arrivée au point de départ enfin les élèves peuvent se détacher pour profiter de la terrasse panoramique. Celle-ci est parsemée de jumelles indiquant le nom des sommets qu’elles permettaient de distinguer au travers des nuages dans lesquels ils se drapaient.
Après ce temps libre il est temps de redescendre à une altitude où la concentration d’oxygène permet une respiration plus aisée. Retour ensuite au magasin de location pour se délester des chaussures de glacier, dans un soulagement non feint d’une satisfaction de libération des pieds.
Sur le chemin du retour nous nous arrêtons au supermarché afin d’acheter les courses pour la soirée ! Après le repas, chips, bonbons et sodas seront donc disponibles, l’équilibre alimentaire de la semaine s’annonçant rompu au dernier soir…
Après le repas, une surprise attend nos élèves, un quiz sur la semaine du séjour ! En lot pour les vainqueurs, la première position pour rentrer dans le car demain pour le retour ! À coup de beaucoup de malus et de quelques bonus, un classement final est établi et les protestations n’y feront rien…
Douche, rangement des sacs et balayage des chambres sont ensuite la mission à accomplir pour pouvoir venir à la boum.
A 22h, la musique sort de l’enceinte, les groupes se forment, l’ambiance est à la prise de photos et de vidéos souvenirs pour tout le monde, et à la danse pour les plus motivés. De nombreuses émotions ressortent à l’aune de cette fin de séjour : fatigue, face à un rythme soutenu ; satisfaction, face aux performances réalisées ; nostalgie d’une page qui se tourne après quatre années de collège…





